Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Chroniques sentimentalo-musicales

Rock'n roll is here to stay

Geoff Emerick - Les micros sont en deuil

Geoff Emerick - Les micros sont en deuil

Une chanson ou un album n’est pas seulement l’œuvre de ses interprètes et/ou de ses compositeurs.

Il y a aussi le producteur qui travaille au plus près des artistes pour assurer les arrangements, trouver le truc qui transformera une idée musicale, bref, fabriquer le son d’une chanson.

 

Parmi les producteurs les plus célèbres de l’histoire du rock’n roll, on peut citer George Martin (Beatles), Alan Parsons (Pink Floyd), Bob Ezrin (je vous en parlerai un jour), Tony Visconti (David Bowie, T. Rex, Rita Mitsouko), Phil Spector (Ilke & Tina Turner, Beatles, John Lennon). Certains artistes ont été producteurs : Bowie a produit « Transformer » de Lou Reed et « The idiot » d’Iggy Pop. Jimmy Page produisait les albums de Led Zeppelin. Alan Parsons commença comme producteur puis créa un groupe (Alan Parson’s project).

 

George Martin fut le producteur des Beatles, de leurs débuts à leur séparation, à l’exception de l’album « Let it be ». Son sobriquet, plus que mérité, était « le cinquième Beatles ».

 

En 1966, les Beatles décident d’arrêter la scène, en pleine Beatlemania : trop d’hystérie de la part du public au cours de leurs représentations fait qu’ils n’entendent pas ce qu’ils chantent. De plus, ils commencent à craindre pour leur sécurité depuis que Lennon a déclaré « Nous sommes plus célèbres que Jésus-Christ », provoquant l’ire des milieux religieux.

 

Quand ils se retrouvent en studio, ils sont alors affranchis de la contrainte de faire une musique devant être retranscrite sur scène. Ils peuvent donner libre cours à leurs inspirations et à leurs délires. Ça a commencé avec l’album « Revolver ». George Martin y introduit des instruments classiques (« Eleanor Rigby », « For no one »), tape un délire absolu (avec l’aide des fab four et toute une kyrielle d’artistes qui passaient par les studios) sur « Yellow submarine », etc. Cette folie a continué dans les albums suivants et a donné une impulsion sans précédent à la musique pop, contribuant à créer le rock progressif et le hard rock.

 

Mais pour concrétiser tout ça, encore fallait-il être entouré des personnes pouvant créer le son recherché. Geoff Emerick fut assistant ingénieur puis ingénieur du son aux studios EMI d’Abbey Road à Londres. Il a commencé à travailler sur « Revolver », puis « Sgt Pepper… », jusqu’à « Abbey Road ».

Geoff & les Fab Four

Geoff & les Fab Four

L’anecdote la plus célèbre est sans doute la demande que lui fit Lennon pour enregistrer « Tomorrow never knows » : « Je veux que ma voix sonne comme celle du Dalaï Lama chantant du haut d’une montagne ». Emerick y est arrivé. C’était la première chanson des Beatles qu’il enregistrait. Par la suite, il inventa des tas de trouvailles pour fabriquer des sons inédits, allant par exemple jusqu’à utiliser un haut-parleur en guise de micro. N’oublions pas qu’à cette époque, les techniques numériques n’existaient pas : il n’y avait que l’analogique : lorsque l’on faisait du « couper-coller », c’était avec des ciseaux et de la colle sur des bandes magnétiques. Un coup de ciseau mal placé et c’était des heures de travail qui passaient à la trappe.

 

Je vous encourage à lire son livre « En studio avec les Beatles », paru en 2014. C’est un véritable régal qui aide à comprendre ce que fut la musique des Beatles.

Emerick jonglait continuellement entre les exigences des cinq Beatles et les contraintes imposées par EMI qui n’aimait pas trop voir ses ingénieurs du son dépenser trop d’argent ou maltraiter le matériel. Le chapitre où il raconte sa tentative de création d’un nouveau son en noyant un micro dans une bouteille de lait vaut son pesant de cacahuètes…

Et bien sûr, son récit sur la naissance de « A day in the life » est un enchantement et un précieux témoignage.

Geoff Emerick - Les micros sont en deuil

Il y a quelques jours, Geoff Emerick est allé rejoindre Lennon, Harrison et Martin. Ce serait rigolo que Lennon lui demande de lui faire la voix de Carla Bruni : Emerick n’aurait rien à faire et Lennon n’aurait pas à chanter…

 

Ce soir, je ne vais pas faire dans l’originalité :

  • « Eleanor Rigby » : Emerick avait complètement révolutionné la technique d’enregistrement des instruments à cordes pour répondre aux exigences de Mac Cartney. On ne s’en lasse pas :

https://www.youtube.com/watch?v=HuS5NuXRb5Y

  • « A day in the life» : une épopée à lire absolument de la plume de Geoff Emerick :

https://www.youtube.com/watch?v=UYeV7jLBXvA

 

Sérézin – 9 octobre 2018 – John Lennon aurait 78 ans aujourd’hui.

Joyeux anniversaire Michel !!!

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article